14-15 mars – Sydney : Ascension et Élévation
Et voilà. Il était écrit.
1 332 marches, 130 mètres de hauteur, 3 heures et demie de montée.
Ce que j’avais pris pour une simple promenade en altitude était en réalité un véritable défi physique et mental, une expérience de dépassement de soi.
Le guide ne s’était pas trompé : j’étais la seule femme parmi quatre hommes, tous sportifs, tous un peu surpris — et admiratifs — de me voir les rejoindre.
Oui, j’avais signé sans lire la fiche jusqu’au bout. Mais parfois, les plus belles aventures naissent dans l’imprévu.
Et je ne regrette rien.
L’ascension fut exigeante, le souffle court, les muscles tendus. Mais au sommet, quelle récompense…
Une vue à 360° sur l’une des plus belles baies du monde.
La Skyline de Sydney d’un côté, l’Opéra flottant comme une voile, les ferries filant dans la baie, les couleurs chaudes d’un après-midi d’automne…
Là-haut, le vent s’engouffrait dans ma combinaison, mais mon cœur battait fort — pas de peur, non — de fierté, d’émotion, de liberté.
🌉 Ascension, opéra et feu d’artifice : Sydney, tu m’as conquise
Je ne vous raconte pas la nuit que j’ai passée avant ce défi.
Le rendez-vous était à 12h45 à l’amphithéâtre. Je décidais de pendre un petit-déjeuner copieux, pensant sauter le déjeuner. Mais à 11h15, l’idée de partir le ventre vide me rattrapa… et je m’offris deux œufs sur le plat
Au départ du bateau, j’étais dans la confusion la plus totale, l’angoisse me tenaillait : allais-je vomir en pleine ascension ?
À peine arrivée, je retrouvai mes quatre compagnons de cordée – tous masculins – ainsi qu’un membre du siège MSC.
Je faisais bonne figure. Mais au fond ? J’étais tétanisée. Mais pas question d’abandonner.
Avant même de poser un pied sur la première marche, il fallait passer par une heure de préparation complète : consignes de sécurité, test de cordée sur escalier, combinaison intégrale, harnais, mousqueton, casque, casquette, mouchoir…
J’étais une astronaute prête à décoller.
Et pourtant… je n’avais encore rien escaladé que je transpirais déjà à grosses gouttes.
Les marches s’enchaînaient, les couloirs se resserraient.
Je fixais mes pas, pas le vide.
Je me concentrais, chaque respiration comptait. Un moment, un vertige me força à m’appuyer sur le filin. Mais j’ai tenu. Jusqu’en haut.
Et là… la récompense.
Vue imprenable sur toute la baie de Sydney. Une lumière dorée inondait l’horizon.
J’étais fière. Vivante. Comblée.
Un certificat, quelques photos… mais surtout, une fierté qui n’avait pas de prix.



Je pensais me débarrasser de tous les éléments sur moi qui avait fait en sorte que cette escalade soit une réussite, mais ce ne fut pas le cas… Tout devait être remis en place.
Encore sous l’émotion, l’estomac dans les talons… Il me fallut encore 20 minutes de marche sous le soleil pour rejoindre la chaloupe MSC et le Magnifica.
Et puis mentalement, il fallait bien le dire
Redevenir Annick la croisiériste à l’alpiniste urbaine n’a pas été simple. Eh oui, les jambes avaient du mal à suivre même si l’envie d’assister à l’opéra de ce soir était un beau projet.
Une question subsistait. Serais-je prête à temps pour assister à Candide, à l’Opéra de Sydney, mon rêve depuis des années.
Passer de Cendrillon grimpant le pont à Belle au Bois Dormant en robe de soirée : un vrai miracle logistique. Mais j’y suis parvenue.
Une chaloupe, une douche, une robe en satin blanc, et me voilà en route pour l’Opéra de Sydney. Grandiose.
À 18h précises, j’étais devant l’Opéra, maquillée, apprêtée, robe légère et escarpins dorés. Prête à rêver encore. Candide m’attendait, mais mes jambes criaient grâce. J’ai assisté au premier acte, le cœur émerveillé, les muscles en feu.



Puis, affamée, épuisée, j’ai préféré zapper le deuxième acte et rentrer au bateau. Quel bonheur de retrouver le 13ème étage pour un buffet bien mérité.
🕌 Bondi, voiles blanches et… incompréhension culinaire
Le lendemain, malgré les courbatures, j’ai pris part à l’excursion en bus MSC, au passage j’admirais : Queen Victoria Building, Sydney Tower, Darling Harbour, Paddington…


Terminer l’excursion par Bondi Beach fut un réel plaisir pour les yeux, certes il y avait cette plage exceptionnelle mais surtout de magnifiques bodybuilders soulevant de la fonte et planchistes aux nombreux tatouages… Ah l’Australie et le culte du corps…



Puis le lendemain, en fin de matinée vint la visite de jour de l’Opéra.
La veille, je l’avais vécu de l’intérieur, en tant que spectatrice. Aujourd’hui, je le découvrais en tant qu’œuvre d’art. Ses voûtes blanches, ses lignes comme des voiles, sa structure évoquant des coquillages — une poésie architecturale.
Conquise, je l’étais. Le granit rose, le bois d’eucalyptus, les lignes épurées… tout cela faisait de l’Opéra un bijou inscrit à juste titre au patrimoine mondial.
De retour sur le bateau, une douche et une poignée de fruits plus tard, je reçus un texto d’Brahim : « Ce soir, la rupture est prévue à 19h15. »
Je répondis, sans comprendre : « Ah bon ? Tu as enfin rompu avec elle ? »
Fou rire monumental. C’est Lyrie, hilare, qui m’expliqua : « Annick… il parle de la rupture du jeûne. C’est le ramadan ! »
Moment culte. Un de ces instants où le ridicule devient magique. Nous avons ri, pleuré de rire, et ce souvenir restera à jamais gravé.
Le clou du spectacle ? Un feu d’artifice, tiré au-dessus de la baie. J’étais sur le pont 13, une coupe à la main, des étoiles plein les yeux, hurlant : « HAPPY NEW YEAR ! »
Pas le Nouvel An au calendrier, mais le mien. Celui où le rêve de Sydney devenait réalité. Merci la vie. Merci MSC.
16 mars – Eden, Australie
Il était environ 13h lorsque nous avons accosté à Eden, charmante ville côtière nichée sur la superbe Sapphire Coast. Mes amis m’avaient proposé une balade en ville, mais j’ai préféré rester à bord pour avancer sur mon blog… d’autant que le ciel était gris et la pluie bien installée.
Ce fut malgré tout une belle journée. Après l’ascension éprouvante de ce pont, mon corps réclamait un peu de répit. En fin d’après-midi, je me suis tout de même rendue à la salle de sport pour une séance d’étirements.
Et là, surprise… L’Italien mystérieux – celui qui me rappelait tant Steve McQueen – est venu à ma rencontre.
« Félicitations pour l’ascension du pont », m’a-t-il dit avec un sourire.
« J’ai une photo de votre cordée. J’étais juste en dessous… avec mon vélo. Vous la voulez ? »
« Oui, avec plaisir ! », ai-je répondu, ravie.
C’est ainsi que nous avons échangé nos coordonnées. La conversation a vite glissé sur d’autres sujets, avec une facilité déconcertante. Mais consciente que mes amis m’attendaient au buffet du pont 13 pour dîner, j’ai pris congé.
La soirée s’est poursuivie à l’Ametista Lounge, où une soirée dansante battait son plein. L’ambiance était joyeuse, et je me suis laissé emporter par un rock endiablé avec un animateur débordant d’énergie. Il était bien passé minuit lorsque j’ai regagné ma cabine, des étoiles plein la tête.
Juste avant d’éteindre mon téléphone, un dernier message est arrivé. C’était « Steve McQueen » — enfin, « Steeve ». Parce qu’on avait convenu ensemble que, sur ce bateau, ce serait son prénom. Moi, ça ne me dérangeait pas. Pas le moins du monde :
« Que diriez-vous d’un happy hour demain soir au Sporting Bar ? 18h30 ? »
Je n’ai pas répondu tout de suite. Time to time, comme on dit. La nuit porte conseil.
17 mars – En mer, en direction de Melbourne
Le Magnifica poursuivait paisiblement sa route vers Melbourne. Je savourais mon petit déjeuner, comme toujours avec mon jus d’orange pressé, quand Steeve est venu s’installer à ma table.
« Alors, c’est oui pour ce soir ? » me lança-t-il avec un sourire.
Oups… j’avais complètement oublié de répondre à son message !
« Oui, bien sûr, avec plaisir. Je ne connais pas ce bar, ce sera une occasion. »
La journée en mer s’est déroulée dans une douce routine : conférence de presse de Massimo avec mes amis, déjeuner avec Lyrie, un peu d’écriture, et une petite sieste bien méritée.
Vers 15h, direction la passerelle pour participer au tournoi de ping-pong… et quelle surprise : Steeve y participait aussi ! Bien sûr… ce grand sportif ne pouvait pas manquer ça.
De mon côté, je n’ai pas fait long feu : éliminée au deuxième tour par une Canadienne redoutable. Steeve, lui, a enchaîné les matchs jusqu’à la finale, qu’il a perdue de justesse face à un Portugais. Il enrageait — un vrai compétiteur. Força Italia !
Difficile d’imaginer qu’il a 65 ans, tant il déborde d’énergie. Il m’a proposé une revanche, mais vu l’heure et la sueur, j’ai préféré une bonne douche.
Le soir venu, nous nous retrouvions au Sporting Bar pour le Happy Hour.
J’avais opté pour une robe en soie beige, fleurie de touches orangées et vertes — parfaite pour la Saint-Patrick, thème de la soirée — et mes santiags hautes en alcantara beige.
Il était déjà là, m’attendant, décontracté mais élégant : tee-shirt vert, blazer marine, fleur à la poche. À titre exceptionnel, j’ai accepté une coupe de champagne. Par chance : Ruinart, ma marque préférée.
Dès les premières minutes, j’ai senti chez lui un mélange de prestance et de charisme naturel. Alors je n’ai pas été étonnée d’apprendre qu’en plus d’avoir été diplomate, Steeve avait aussi servi comme amiral dans la marine italienne. Rien que ça…
Mais le plus surprenant ? sans même me connaitre, il s’apprêtait à bouleverser mes plans du lendemain : annuler ma visite de Melbourne avec un groupe de Français pour m’emmener découvrir la ville… à vélo, avec ses amis italiens !
Un peu prise de court, j’ai accepté. Et sans perdre une seconde, il est allé modifier mon ticket au bureau des excursions. Un homme de décision, c’est clair.
La soirée a filé à toute vitesse. Je l’ai quittée pour retrouver mes amis au dîner, où nous avons goûté, pour la première fois, du crocodile et du kangourou. Une expérience culinaire inédite !
Je n’avais pas prévu de les suivre à la soirée irlandaise de l’Ametista… mais, loin d’être fatiguée, je les ai rejoints. Alors que je dansais seule sur un rock des années 60, devinez qui est arrivé sur la piste ? Steeve, encore lui.
Lui qui m’avait dit qu’il se couchait toujours tôt…
Quelle jolie façon de clore cette journée en mer.
18 mars – Melbourne, Australie
Aux alentours de 7h, je sentis les vibrations familières qui annoncent l’accostage : nous étions arrivés à Melbourne.
Une ville que je rêvais de découvrir, déjà par bateau, avec une joyeuse troupe d’Italiens et Steeve à mes côtés et ensuite à vélo.
A ma grande surprise, ceux-ci m’accueillaient avec chaleur, même si la langue posait quelques limites. Steeve jouait les traducteurs avec brio, facilitant les échanges.
Cette croisière fluviale sur la Yarra, m’offrait un point de vue inédit sur la ville. Ponts, buildings, œuvres d’art
Melbourne se dévoilait sous un ciel un peu voilé, mais avec charme. Au niveau charme, voulait-il que je sois sous le sien… puisque c’est sans grande surprise qu’il m’invitait dans un restaurant italien Il Cervo, pour le déjeuner. Bruschettas, souvenirs, sourires : c’était simple, et parfait.
Puis vint le moment sportif de la journée : Melbourne à vélo !
De la Rod Laver Arena, haut lieu du tennis, au circuit de F1 d’Albert Park, fraîchement foulé par les bolides… l’adrénaline était bien là.
La balade s’est poursuivie par Fédération Square, les ruelles de street art… et, inattendu, le building de mon ancien employeur du CAC 40. Un frisson m’a traversée.
Comment avais-je atterri ici, si loin de mon ancienne vie ?
Un clin d’œil du destin, peut-être.
Après ces heures passées à pédaler aux côtés de cet amiral devenu guide, touriste et compagnon d’escapade, je ne savais plus sous quel angle le voir. J’imaginais déjà sa prochaine surprise : apparaître lors de la soirée de gala vêtu de sa veste d’amiral, ornée de médailles. Pour l’instant, je ne l’avais vu dans cette tenue qu’en photo… Mais qui sait ?
Une chose était sûre : cette journée resterait l’une des plus belles de ma croisière. Et au fond de moi, j’espérais secrètement que ce charismatique diplomate italien croiserait encore ma route à la prochaine escale.



19 mars – En mer, Australie
« Sentez la mer et touchez le ciel. Laissez votre âme s’envoler. »
Une journée suspendue entre ciel et mer, où l’horizon semblait infini.
Rien à faire… sinon ressentir.
Laisser l’esprit vagabonder. S’abandonner à la beauté simple et brute de l’instant : le silence de l’océan, le souffle du vent, la caresse du soleil. Une paix intérieure retrouvée, sans bruit.
20 mars – Adélaïde, Australie
À 7h, le Magnifica accosta à Adélaïde, ville paisible à l’élégance discrète.
Ce matin-là, je me suis offert un petit luxe : paresser dans mon lit et commander le petit déjeuner via le room service. Une première depuis le début du voyage, et un plaisir non dissimulé. Comme quoi, les petites choses prennent parfois une valeur inestimable.
Mon excursion avec MSC – une visite guidée de la ville avec un groupe de Français – ne débutait qu’à 13h30.
Steeve, déjà en vadrouille à vélo, m’avait proposé de l’accompagner. J’ai décliné. Non par désintérêt, mais parce que j’éprouvais le besoin de me retrouver seule. Une parenthèse pour faire le point, respirer, aller à la salle de sport — ma dose d’adrénaline quotidienne.
À 14h, j’embarquai dans le bus. Et très vite… le contraste fut saisissant. Là où les Italiens m’avaient charmée par leur spontanéité et leur chaleur, mes compatriotes français semblaient… bougons. Râleurs professionnels. Heureusement, la magie des lieux allait tout emporter.
Nous pénétrâmes dans le Jardin botanique d’Adélaïde, havre de verdure empreint de poésie.
Mais ce qui m’a littéralement fascinée, ce sont les œuvres du maître verrier Dale Chihuly. Ses sculptures en verre soufflé, tantôt flottantes, tantôt suspendues, dansaient avec la lumière, l’eau, les feuillages.
Certaines ressemblaient à des planètes, d’autres à des algues lumineuses s’enroulant autour des arbres. Une explosion de couleurs dans un calme absolu. Art et nature en parfaite symbiose.



Absorbée par tant de beauté, j’avais perdu la notion du temps. Le reste de la visite se déroula en mode panoramique, à bord du bus. Nous découvrîmes le centre-ville, ses églises discrètes, ses airs de petite Angleterre, et son élégance ordonnée.
Un moment fort surgit lorsqu’un couple demanda un arrêt impromptu : ici, à Adélaïde, ils s’étaient rencontrés 50 ans plus tôt. Un lieu chargé d’amour. Un frisson m’a traversée.
De retour à bord vers 17h30, je n’avais qu’une heure pour me préparer avant mon rendez-vous au Sporty’s Bar avec Steeve.
Douche express, robe blanche fluide, escarpins… et me voilà, un léger frisson au creux de l’estomac. Il m’attendait. Debout, près du comptoir. Impeccable. Majestueux.
Vêtu de sa veste d’amiral ornée de médailles, entre allure militaire et charme de cinéaste italien. Une coupe de Ruinart à la main, le regard doux et pénétrant. Je fus saisie par l’élégance de l’instant.
Ces médailles racontaient une vie. Un pan de son histoire. Mais je n’ai rien demandé. J’ai respecté le mystère.
Nous avons parlé. De tout. De sport, de voyages, de foot…
Lui, l’amiral devenu diplomate.
Moi, la nomade passionnée.
Deux trajectoires différentes, un instant suspendu.
Au moment de nous quitter, il s’approcha et me souffla à l’oreille :
« Demain, j’ai organisé une excursion pour vous à Penneshaw. Préparez-vous, il y aura un peu de marche… Rendez-vous à 10h. »
Je souris, un peu déstabilisée.
« Mais… je n’avais rien prévu pour demain… »
Trop tard. Fidèle à lui-même, Steeve avait déjà tout planifié.
21 mars – Penneshaw, Australie – Kangaroo Island : entre effort et réconfort
À 8h, le navire accosta à Penneshaw, perle paisible de la célèbre Kangaroo Island.
Plages sublimes, faune sauvage, nature brute… Un écrin que je rêvais de découvrir — avec Steeve.
Il avait tout prévu : une randonnée dans le parc national de Flinders Chase.
Sous une chaleur écrasante, sac sur le dos, je l’ai suivi. Pas à pas.
Les sentiers escarpés bordaient des falaises impressionnantes, où le bleu profond de l’océan rencontrait la roche rouge.
Moment fort : la rencontre furtive avec un wallaby, discret symbole de cette île sauvage.
Mais au sommet… ma joie s’émoussa.
Des ruines. Quelques pierres érodées. Vestiges d’un passé lointain.
En sueur, déçue, j’ai lancé à Steeve :
« Tout ça pour ça ? Tu es fou ! »
Il a souri. Pour lui, chaque pierre avait une histoire : celle des premiers colons européens. Il voyait là un devoir de mémoire.
Pour apaiser les esprits (et les jambes), nous avons terminé par une pause à Hog Bay.
Plage de sable blanc, eau turquoise… et plus tard, un cocktail bien mérité, de retour sur le Magnifica.


Épuisée mais comblée, j’ai regagné ma cabine dès que le navire a levé l’ancre. J’ai trouvé la force d’aller dîner… mais c’était limite. Un vrai marathon.
22 & 23 mars – En mer – Parenthèse océane & danse imprévue
« La mer, une fois entrée dans votre cœur, ne vous quitte plus. »
Deux jours en mer. Une pause. Un souffle.
Pour Steeve, ancien amiral, la mer est une amie d’enfance.
Pour moi, elle devenait peu à peu une confidente silencieuse.
Lui poursuivait ses activités sportives : tennis, ping-pong, course. Un vrai métronome.
Moi ? Une version plus douce : réveil musculaire, conférences, blog, piscine intérieure.
Le 22 au soir, chacun de notre côté : lui avec ses amis italiens, moi avec mon petit cercle français.Puis, spectacle grandiose : les Foenander Brothers. Un duo vibrant qui rendait hommage à Tony Bennett. Émotion, élégance, justesse vocale : j’étais conquise.
Le 23, fin de soirée. Alors que je sirotais un cocktail avec Brahim, tranquillement installée au bar, Steeve surgit.
Élégant, costume taillé sur mesure, regard rieur. Il m’invita à danser. Un rock endiablé ’ensuivit.
Au début, tout était fluide, presque chorégraphié.
Puis… nos pas se sont emballés, il a glissé… et BOUM !
Nous avons atterri, en plein vol, sur les canapés. Moi tête la première, entraînant Steeve dans ma chute.
Un silence. Puis… un éclat de rire général. Et dans nos yeux, un éclat de complicité.
🎉 Quand le jerk vire au vol plané : une soirée haute en couleur
Et moi, pour une fois, j’avais mené la danse… même si ce fut droit dans les coussins ! 😄
Yes… Annick 1 – Steeve 0 !
À peine remise de mes émotions que cette soirée se terminait en apothéose, avec un sublime coucher de soleil sur la terrasse du pont 13, un cocktail aux fruits rouges à la main.
(PHOTO COUCHER DE SOLEIL)
24 mars – Albany, Australie
« The Gap… ou quand l’intrépide flanche »
Après environ 1 000 milles nautiques depuis Adélaïde, le Magnifica jetait l’ancre à Albany, ville portuaire bordée de falaises sauvages, au sud-ouest de l’Australie. Il était 7h00.
Encore groggy par le décalage horaire, j’émergeais difficilement… jusqu’à ce que mon téléphone vibre.
📲 Message de Steeve :
« Je vous attends au 13 pour le petit-déj. Aujourd’hui, j’ai prévu une belle balade à vélo : 22 km pour aller voir The Gap. Vous êtes partante ? »
Partante ? Oui. Consciente ? Pas vraiment.
Surtout que les « 22 km à l’italienne » se révélèrent vite être… 44 km aller-retour, avec montées, faux plats et côtes sans fin. L’impression de gravir l’Everest, version deux-roues.
Pendant que je suais sang et eau, Steeve filait comme une flèche. Infatigable. Il se retournait de temps à autre, sourire narquois aux lèvres, pendant que moi, je le maudissais à chaque virage.
Mais le vent allait tourner…
Arrivés à The Gap, une faille monumentale où l’océan vient s’écraser avec fracas sur les falaises, le spectacle était à couper le souffle.
Et là… la revanche !
La passerelle suspendue surplombant le vide ? Steeve ne la franchira pas.
Peur du vide. Bloqué. Lui, le marin, l’amiral… figé.
Moi ? Légère, virevoltante, hilare.
Ma victoire était parfaite.
Et sur le chemin du retour, portée par l’adrénaline, je l’ai dépassé. Nettement.
Une journée que je n’oublierai jamais.



25 mars – Busselton, Australie
« Promenade romantique ou entraînement militaire ? »
Le programme du jour semblait idyllique : une marche tranquille le long de la sublime Géographe Bay, 15 km de plage et d’eaux turquoise.
Objectif annoncé par Steeve : rejoindre la marina pour déjeuner. Environ 10 km aller. Facile !
Sous un soleil de plomb, baskets aux pieds, lui devant, moi derrière, nous longeons un décor de carte postale.
Mais au retour… à ma grande surprise. Steeve change d’itinéraire. Et se perd.
Entre canaux labyrinthiques et villas de luxe, nous tournons en rond. Littéralement.
C’est finalement un jeune Australien providentiel qui nous remet sur le bon chemin.
À cet instant, je n’aspirais plus qu’à une chose : plonger dans cette mer turquoise qui me narguait depuis des heures.
Bilan : les 10 km annoncés s’étaient transformés en 16 km.
Une randonnée surprise… version boot camp italien.



Le soir, malgré mes jambes en compote, je rejoins mes amis à la piscine situé au pont 13 pour une soirée électrisante animée par Jesse & DJ set. L’envie de danser était là… mais mes jambes, elles, avaient déjà quitté la partie. Après 30 minutes de rires et de rock sous les étoiles, retour à la cabine.
26 mars – Fremantle & Perth, Australie
« Pierres, prisons et gratte-ciels »
À 8h00, le Magnifica accostait à Fremantle, charmante ville portuaire à l’ambiance bohème.
Après une petite séance à la salle de sport et un solide petit déjeuner, je rejoignis mon groupe d’excursion. Voyager seule en bus a ses avantages… et ses petits défis. Comme celui de trouver une place dans un bus sans déclencher une guerre des sièges ou des jalousies.
Heureusement, mon instinct social était affûté.
Fremantle me séduisit immédiatement par ses bâtiments victoriens, ses marchés animés datant de 1897, et ses ruelles pleines de charme.
Mais c’est la visite de la prison, classée à l’UNESCO, qui me bouleversa.
Dès l’entrée, une atmosphère pesante m’envahit.
Les cellules exiguës, les murs froids, le silence épais… jusqu’à ce qu’on me parle de Moondyne Joe, l’évadé légendaire. Devant le mur par lequel il s’était échappé, un sourire me vint : il avait su rêver plus loin que les barreaux.

Changement de décor ensuite avec Perth, capitale moderne et vibrante.
Nous flânons à Elizabeth Quay, longeons les gratte-ciels, passons devant la Bell Tower.
Et puis… Kings Park. 400 hectares de beauté, de sérénité. Vue panoramique à couper le souffle.
Le sentier suspendu semblait nous faire flotter entre ciel et canopée.
Devant le State War Memorial, je me suis arrêtée longuement.
Une flamme éternelle. Des noms gravés. Un silence rempli de respect.


En fin de journée, pause douceur à Cottesloe Beach. Sable blanc, mer cristalline… une parfaite parenthèse.
De retour sur le bateau, direction le pont 13 pour retrouver Lyrie. Sur scène, Marco du Hot Pepper Band mettait le feu. Et surprise : Steeve me rejoignit, un verre à la main.
Puis… le clou du spectacle : le Fremantle Police Pipe Band !
Cornemuses, kilts, émotion à fleur de peau. De Amazing Grace à Scotland the Brave, c’était tout simplement inoubliable.
Pour la première fois depuis notre rencontre, Steeve m’invita à sa table italienne, mais ayant besoin de calme, je refusais.
Diner au buffet, en compagnie de Lyrie me satisfaisait longuement, toujours plaisir à l’écouter.
La journée avait été riche, intense… et dès demain, l’aventure reprenait dès 7h45.
27 mars – Yanchep, Pinnacles & Lancelin
« Là où le sable devient une aventure »
Le réveil sonna bien trop tôt. Mais motivée par la promesse de la journée, je bondis hors du lit pour un petit-déjeuner express, avant de grimper dans le bus (excursion MSC).
Direction : Lancelin, petite ville côtière de rêve, réputée pour ses dunes immaculées et ses eaux cristallines.
Quatre heures de route aller-retour… mais le jeu en valait largement la chandelle.
« Kangourous, dunes et Figaro »
Avant d’atteindre Lancelin, nous avons fait une halte dans le parc de Yanchep, niché autour d’un lac paisible, au cœur d’une végétation typiquement australienne.
L’objectif ? Croiser les stars locales : les koalas et les kangourous.
Après une bonne heure de marche sous un soleil écrasant, j’aperçus enfin un kangourou solitaire bondissant au loin. Réflexe immédiat : sortir mon téléphone pour capturer l’instant.
Les koalas, eux, bien planqués dans les hauteurs, exigeaient des talents d’acrobate du regard. Mais mission accomplie !

De retour dans le bus, on ressentait aisément la fatigue, mais aussi l’énervement de chacun. Eh oui, nous étions là pour approcher des kangourous mais…Bref le moral était en berne…
Il avait fallu la vue d’un Fish & chips appétissant à notre arrivée au restaurant…pour que tout le monde retrouve le sourire…mais ce n’était pas tout… puisqu’à peine avions nous terminer notre repas que nous vîmes arriver de deux énormes 4×4 Pinnacle Tours dans un nuage de sable. Direction : les dunes blanches de Lancelin.
Là, le décor était irréel. Des collines de sucre glace sculptées par le vent, un sable soyeux sous les pieds, et au loin, un océan d’un bleu infini.
Je marchais, parfois silencieuse, parfois émerveillée, souvent essoufflée. Mais chaque pas me rapprochait d’un moment suspendu, brut, presque lunaire.


À peine descendue, on me proposa de m initier au snowboard. Je disais oui.
Celui-ci dans les mains, je compris très vite ce qui m’attendait : monter la dune, s’élancer, glisser, prier… et recommencer.
Sous 32°, l’effort était intense. Mon premier défi fut de trouver quelqu’un pour me filmer.
Ma méthode rodée fonctionna : repérer un couple en selfie, leur proposer une belle photo à deux… et hop, échange de services.
🎥 Trois descentes plus tard, la vidéo était dans la boîte… et mes cuisses en feu.
Ensuite, place à l’adrénaline pure : une virée décoiffante en 4×4 sur les dunes. Des sauts dignes d’un Dakar, mon téléphone manqua de s’envoler. Mais quel kif !
Sur le chemin du retour, le guide nous annonça un petit détour…
Un soupçon de stress : allions-nous être en retard pour le bateau ?
Mais la surprise en valait la peine : une trentaine de kangourous gambadant librement dans un parc, Hovea Court & Valley Memorial Park. Une photo avait immortalisé ce moment magique.
Le bus tout entier souriait.


De retour sur le bateau, exténuée mais comblée, je retrouvai le buffet, avant de rejoindre Brahim à l’amphithéâtre.
Ce soir-là, place à l’opéra avec la troupe Musica in Maschera.
Et soudain résonna cette phrase :
« Il savait raser la barbe, manier un peigne, jouer de la guitare et transmettre des billets doux… »
Qui d’autre que Figaro, l’irrésistible héros du Barbier de Séville, né de Beaumarchais et immortalisé par Rossini ?
Une mise en scène dynamique, une troupe talentueuse, et la voix du ténor encore dans mes pensées au moment de regagner ma cabine.
Découvrez la suite de cet ouvrage la semaine prochaine …
