Publié le 12 octobre 2025

Du Cap à Dakar : dunes, confidences et champagne

Croisière 2025

15 avril – En mer – Réveil brutal et buffet bavarois

Vers 3h30 du matin, un code alpha retentit à bord. Un appel d’urgence discret mais sérieux.
Au petit déjeuner, Steeve m’expliqua : un passager avait fait un malaise. L’équipage avait dû intervenir rapidement.
Un rappel saisissant : la croisière, aussi joyeuse soit-elle, n’est jamais hors du monde réel.
J’observai aussi, au même moment, plusieurs membres de l’équipage en gilets de sauvetage. Pas d’inquiétude : c’était un exercice de sécurité MSC, organisé toutes les 2 à 3 semaines.
À 11h30, conférence de Massimo sur Cape Town. J’y retrouvai Brahim, que je n’avais pas vu depuis un moment.
Pendant le Ramadan, nous avions partagé plusieurs dîners, et il m’avait avoué avoir perdu 10 kg grâce à mes conseils.
Aujourd’hui encore, il s’entraîne régulièrement. Moi ? Je reste fidèle au vélo.
Après la conférence, il me proposa un déjeuner au buffet du 13e, ambiance bavaroise. Choucroute, bière, charcuterie… une avalanche de saveurs.

Heureusement vers 16h30, la salle de sport m’attendait !
Le soir, j’avais l’habitude de retrouver Lyrie au restaurant Verdi. Mais là, le menu signé Reuben Riffel m’attira irrésistiblement.
Un chef charismatique sud-africain, aux plats aussi puissants que subtils.
Je pris un menu complet : entrée, plat, dessert. Mon amie en resta bouche bée.
Et soudain…
Tous les serveurs déboulèrent, tapant sur les casseroles, chantant, brandissant des panneaux :
🎉 « 100 jours autour du monde ! »
Champagne à la main, serviette dans l’autre, nous avons fêté ça comme il se doit.

16 avril – Cape Town – Entre Robben Island


Cape Town, ville mythique, nous accueillit à l’aube. Entre mer et montagne, l’atmosphère était déjà saisissante.
Steeve avait opté pour un parcours cycliste, bien sûr.
Moi, j’embarquai à 9h00 vers l’île de Robben Island.
Là, où Nelson Mandela fut détenu.
À peine arrivée, le silence. Puis les portes. Puis la cellule : minuscule lit, fenêtre maigre, table austère.
J’ai ressenti, profondément, la dignité de cet homme.
Ce n’était pas une visite. C’était une leçon d’humanité. Une claque. Une inspiration.

À la sortie, j’étais heureuse de retrouver Steeve, rayonnant : il avait relevé son défi vélo !
Nous avons partagé un verre dans un bar charmant, avant de filer dans une boutique appelée Mountain, pour acheter quelques t-shirts cyclistes.
De retour sur le bateau vers 16h30, petit passage par le buffet, puis séance de sport obligatoire.
Et la journée n’était pas finie : j’avais prévu une soirée tranquille, mais mes amis Harold et Stéphanie, Canadiens adorables, m’invitèrent à fêter leurs deux ans de fiançailles.
Champagne, petits fours, ambiance chaleureuse…
Et moi, sur la piste, à briller sur « Pretty Woman » – comme quoi, les plus belles soirées sont souvent les plus imprévues.

17 avril – En mer – Cap au nord-ouest, cap sur Walvis Bay


Levée très tôt ce matin-là, j’entamai la journée par un petit-déjeuner suivi d’un running sur le pont. Mais cette matinée ne ressembla à aucune autre.
En remontant dans ma cabine, je tombai nez à nez avec mon steward, en train de changer les draps. Et comme Steeve m’attendait pour notre expresso rituel, je n’avais que peu de temps devant moi… Une idée un peu folle me traversa l’esprit : je lui proposai de m’aider à mettre la housse de couette.
Imaginez la scène : lui d’un côté, moi de l’autre, houssant la couette à deux, presque comme un vieux couple rodé !
Paniqué, il n’arrêtait pas de répéter :
« No, no madam, you can’t, you can’t do that »,
et moi, tout sourire :
« Si, si, I can ! I can help, don’t worry. »
Je crois bien que c’était une première pour lui, mais il s’en est amusé.
Ce petit moment simple m’a mise de très bonne humeur pour la journée.
Comme quoi, même sur un bateau 5 étoiles, on peut encore surprendre.
L’après-midi, match de tennis de haut vol sur le pont supérieur du Magnifica entre Steeve et Mario. Oui, oui, vous avez bien lu : du tennis en plein ciel, avec vue sur l’océan !
Entre deux coups droits, pas un mot. Ces deux-là ne plaisantaient pas. Ils étaient là pour gagner.
 Moi, spectatrice privilégiée, savourais cet instant surréaliste, perchée entre ciel et mer.

Je ne connus le vainqueur qu’en fin de journée… Car j’avais rendez-vous avec ma masseuse préférée, Margarita, pour un massage profond. Déjà ma cinquième séance avec elle – moi qui, au départ, n’étais pas une adepte des massages… Je me surprends à y retourner avec plaisir.
Après une douche express, je retrouvai Lyrie pour le dîner de gala au restaurant Quattro Venti. Ce soir-là, pour une fois, tout le monde était là – un moment rare, presque solennel. Une belle photo de groupe immortalisa la soirée.
Mais dans un coin de ma tête, Steeve occupait déjà mes pensées. Il m’envoya une série de messages, partageant avec excitation les photos de sa dernière aventure : l’ascension de la mythique Chapman’s Peak Drive, un exploit à vélo digne des plus grands. En découvrant ses clichés, je pris toute la mesure de son exploit.
La soirée s’est terminée sous une pluie d’étoiles, entre rires, confidences et admiration silencieuse.

18 avril – Walvis Bay, Namibie – Le désert en quad, le corps en feu


À 8h00, nous accostions à Walvis Bay, au cœur du désert namibien.
Pour Steeve, la journée avait commencé à l’aube : après une longue file d’attente pour obtenir le tampon d’entrée des autorités, il participait à une excursion extérieure « bike extrême ».
En amie fidèle, je l’avais relayé dans la queue pendant qu’il prenait son petit déjeuner. Quant à moi, pas de tracas : j’étais inscrite à une excursion MSC en quad dans les dunes.
À 10h30, direction l’amphithéâtre pour l’aventure… et quelle aventure !
Dès le premier frisson du moteur, c’est toute une époque qui m’est revenue : mes 16 ans, mon moto-cross, les vignes de ma jeunesse.
Mais ici, c’était du sable, encore du sable, et rien que du sable. Une madeleine de Proust… version 4×4.
À 63 ans, j’ai dévalé les dunes à fond la caisse, comme une ado déchaînée.
Un pur moment de liberté, trop court, évidemment.
D’où cet appel à mon ami Buju, le soir même :
« Dis, si je te pique ton quad en rentrant, t’es OK ? »
Réponse immédiate :
« Bien sûr ! »
Le virus était de retour. Et pas question de le soigner.
Steeve, lui, rentra vidé. Trois heures de vélo dans les dunes, sous le cagnard, et des crampes monumentales aux jambes.
Résultat ? Soirée room service pour nous deux.
Épuisés, mais heureux.

19 au 21 avril – En mer – Entre or, tennis et confidences


🌟 19 avril – Golden Night
L’océan était à nous… Et le Magnifica reprenait son rythme doux, entre respiration et contemplation.
Mais pour être honnête, je sentais un léger flottement. Mon esprit commençait à regarder vers la France, vers Saint-Raphaël, et mes projets futurs prenaient forme. Un changement d’heure n’aidant pas, je flottais entre deux mondes.
Et pourtant, la journée déroulait son fil paisible : un peu de sport, le café du matin avec les Italiens, un déjeuner avec Steeve, une sieste savourée… et, ce soir-là, la Golden Night.
Robe scintillante, étoiles dans les yeux, j’arrivai à l’Ametista.
Notre formidable Cruise Staff, en paillettes et sourires, m’accueillait avec cette chaleur que j’aime tant.
J’ai dansé, j’ai ri, j’ai brillé.
 Ce soir-là encore, j’étais de l’or en mouvement.
Enfin… c’est Steeve qui l’a dit. 😉

20 avril – Dimanche de Pâques

Premier réflexe du matin : envoyer un message à mon fils.
 Pas de chocolat cette année, mais une pensée tendre.
Et puis, un mot à mes fidèles lecteurs. Leurs messages bienveillants m’ont portée tout au long de cette croisière. Merci à eux.
Lors de mon café avec mes amis italiens au bar du 5ème, je passais devant un énorme œuf en chocolat… Non MSC n’avait pas oublié
L’après-midi, place à la demi-finale de tennis entre Steeve et une redoutable joueuse asiatique.
Le terrain ? Une version marine du court, où le vent, le roulis et le métal ajoutaient leur grain de sel. Un défi d’adresse plus qu’un match classique.
Steeve a perdu… mais qu’importe. L’ambiance était joyeuse.
 Le soir, buffet au 13e, puis retour à ma cabine pour un moment de calme bien mérité.

21 avril – Une perte silencieuse, une rencontre inattendue

Ce matin-là, à 7h30, une nouvelle traversa le monde : le pape était mort. 
Sur le Magnifica, aucun message officiel, aucun mot.
Et pourtant… le silence disait tout.
Un bateau, ce n’est pas un pays. C’est le monde condensé. Multilingue, multiculturel.
Un équilibre fragile qu’il faut parfois préserver par le silence.
Plus tard dans la matinée, en croisant le responsable du desk informatique – celui qui m’aidait souvent avec mon ordinateur. Il m’adressa à moi avec un sourire complice.
« Vous avez l’air bien sérieuse ce matin… Comment puis-je vous aider à retrouver ce sourire qui vous allait si bien ? »
Je lui parlai de la couverture du blog, de cette photo rêvée avec le commandant de bord, toujours en attente de validation de Camélia (MSC).
En guise d’alternative, je pensais à une photo sublime prise à Mykonos par Laurent LO, photographe parisien. Mais il me manquait une chose : un graphiste.
Et là, il me lança, presque comme une évidence : « Mais il y a un graphiste à bord ! » Et si on prenait un thé avec lui ?

Soirée blanche, gospel et lumière
Tout de suite, il comprit ce que j’attendais. Il m’assura qu’il reviendrait vers moi avant la fin de la semaine avec plusieurs propositions de maquette. En passant, je remerciai le directeur du desk informatique pour son aide précieuse – ce genre de geste simple qui, parfois, change tout.
Vint ensuite le moment de me préparer pour la soirée blanche, annoncée par le Daily Program. Comme à mon habitude, je choisis de jouer le jeu : robe blanche fluide, escarpins dorés.
Mon estomac criant famine, je n’avais pas l’intention de sauter le dîner, d’autant plus que j’étais attendue par Lyrie et les convives de notre table désormais rituelle.
Malgré un dessert aussi tentant que soigneusement dressé, je déclinai poliment. Une autre envie me pressait : celle d’assister au spectacle du soir… un concert de gospel.
Depuis l’enfance, j’ai toujours été touchée par ces chants puissants, enveloppants, presque sacrés. Ils me bouleversent encore aujourd’hui.
À la sortie du spectacle, le cœur vibrant de mélodies, je me dirigeai vers le pont 13, attirée par les éclats de lumière et les rythmes venus des quatre coins du monde.
Tout scintillait : les regards, les tenues, l’énergie des corps.
Et puis je le vis.
Lui, tout de blanc vêtu. Une couleur qui lui allait à merveille. Il avait cette allure élégante, presque irréelle. Rien à voir avec le Steeve sportif que je côtoyais au quotidien.
Charmeur sans effort, il me lança un de ses sourires complices, comme une invitation à entrer dans la danse. Je ne me fis pas prier.
Il y avait dans cette nuit quelque chose d’universel. Un mélange de cultures, de rires, de pas de danse un peu folle. Sous le ciel étoilé, le monde s’était donné rendez-vous.
Et moi, tout de blanc vêtu, je me laissais porter, simplement… heureuse d’être là.

22 avril – L’océan est un poème sans paroles

Ce matin, je suis partagée entre tension et émerveillement. Depuis trois jours, j’ai un peu la tête ailleurs… Et pourtant, Dieu sait combien ce navire continue chaque jour à m’offrir des instants de rêve, du lever du soleil à la tombée de la nuit.
Mais mon esprit vagabonde, parfois plus vite que les flots… même Steeve ne parvient pas toujours à le rattraper. Comme beaucoup à bord, mon regard se tourne doucement vers le retour.
Pour ma part, j’en suis aux dernières retouches de ce blog, écrit avec passion depuis le début.
Et pourquoi pas une version anglaise ? À bord, nombreux sont ceux qui me le demandent, intrigués par mes récits.
Mais en attendant, place à la finale du MasterChef@Sea, version Magnifica.
Le décor est digne d’une émission télé : projecteurs, mise en scène, suspens. Giorgio et Michel, figures bien connues à bord, sont concentrés, prêts à régaler le jury.
Au menu : risotto à la truffe blanche, filet de dorade aux agrumes, tiramisu aux fruits rouges… Le jury, exigeant mais enthousiaste, commente chaque plat avec verve.
L’ambiance est tendue, l’enjeu réel.
Cela me stimule. Sans y réfléchir, je file à la salle de sport – au grand étonnement de Steeve qui m’y accompagne. Et là, surprise : je retrouve la chanteuse de gospel d’hier soir… mais dans un tout autre registre : le sport.
Son rituel est étrange : une énorme boule en fonte, qu’elle fait tourner autour de sa tête avant de la laisser tomber au sol avec fracas.
Le sol tremble.
Et soudain… la porte s’ouvre : le commandant de bord en personne entre. Silence immédiat.
Il s’adresse à elle, d’un ton ferme mais respectueux :
« Pourriez-vous cesser de faire tomber votre boule ? Savez-vous que cela résonne jusque dans ma cabine de commandement ? »
Elle acquiesce, sans mot. Le calme revient. Le commandant s’éclipse.
Fin de l’incident.
Après toutes ces émotions, une coupe de champagne s’impose. Steeve ne refuse jamais cette douce parenthèse. Pourtant, comme souvent, à 20h30, nos chemins se séparent, avec cette élégance silencieuse qui nous est propre.

Lui rejoint ses amis italiens. Moi, quand je ne dine pas au restaurant, c’est ma petite table ronde sur la terrasse du 13e, que je retrouve, mon havre du soir.
Enfin, “havre” est un grand mot… Il n’est pas rare qu’un passager solitaire me rejoigne sans y avoir été invité. Mais la convivialité a parfois ses lois.
Plus tard, au Royal Théâtre, place à la comédie musicale “Le Ciel de Paris”.
Piaf, Aznavour, Bécaud… autant de voix qui me rappellent que, même à des milliers de kilomètres, Paris reste ancré en moi.
Un petit voyage dans le voyage, entre souvenirs et notes nostalgiques.

23 avril – Traversée de l’équateur, photos et douce routine

Dès 7h00, l’événement du jour : le passage de l’équateur.
Un moment symbolique, que je célèbre… en levant le pied. Pas de sport aujourd’hui, mais une activité tout aussi intense : l’anticipation.
Je consacre ma matinée au tri de photos pour le blog, en me posant une seule question :
« Ai-je assez capturé ces lieux qui, bientôt, ne seront que souvenirs ? »
Armée de mon iPhone, je parcours les ponts, immortalisant les derniers instants de ce décor flottant.
À 13h00, je retrouve Steeve pour notre déjeuner rituel. Le thème ? L’Italie.
À ma grande surprise, je me laisse tenter par un plat de pâtes bien copieux… qui m’offre ensuite une sieste au soleil, bercée par les rires de mes amis italiens.
La soirée ? Tranquille, en room service devant Avatar.
Pas besoin de berceuse ce soir-là…

24 avril – L’océan, mémoire des rêves

Depuis le départ de Cape Town, un léger changement d’ambiance s’est installé.
 Les regards sont plus profonds, les gestes plus lents. Les adieux s’annoncent déjà, en silence.
Et pourtant, l’équipage du Magnifica fait des merveilles pour préserver la chaleur et la bonne humeur à bord.
Steeve, lui, fidèle à lui-même, reste d’une humeur éclatante. Même quand d’autres grognent au petit déjeuner.
Avec un sourire malicieux, il m’annonce :
« Bonne nouvelle ! Tu seras bien avec les Italiens pour l’excursion à Dakar, comme demandé. »
« Très bien », lui répondis-je.
« En revanche… on n’est pas dans le même bus. »
Je rétorque en riant :
« Eh doucement ! J’ai une compétition de baby-foot dans 11 heures ! »
L’après-midi passe entre rédaction, sport et apaisement.
À ma surprise, Steeve me propose de le rejoindre au Sporty’s Bar pour un happy hour. Peut-être avait-il besoin, lui aussi, de légèreté. Et moi ? Certainement.
Champagne en main, nous montons à la passerelle du pont 7. Là, sous un ciel en dégradé de bleus et d’orangés, un moment suspendu s’offre à nous.
L’homme bionique semblait enfin ralentir… et m’invitait à ralentir aussi.
Un prélude à ce qui allait suivre.
En passant devant le desk des futures croisières MSC, je croise des regards brillants, des sourires. Ont-ils réservé leur prochain voyage ? Peut-être.
Mais ce soir, moi, je veux juste vibrer une dernière fois au Royal Théâtre.
Et je fus servie. La troupe Motown enflamma la scène. Une énergie folle, des voix puissantes.
Un gospel vibrant, une vague d’émotions. Une caresse pour l’âme.
Un écho de la magie Magnifica.

25 avril – À l’aube de Dakar, un sillage d’or et d’amitié

En ce vendredi 25 avril, la route maritime reliant la Namibie au Sénégal s’ouvre à nous. Ce soir, nous toucherons les rives de Dakar.
Lors de notre expresso quotidien avec ses amis italiens, Steeve me glissa avec un sourire :
« Ce midi, nous ne serons pas seuls pour le déjeuner. J’ai invité tous mes amis italiens que tu apprécies tant… Ça te fait plaisir ? »
Oh que oui. Ce qui est sûr, c’est qu’ils allaient tous me manquer. Surtout lui.
En quittant le Gosse Bar, Steeve s’arrêta net près d’une fontaine, devant une grande carte accrochée au mur. Elle retraçait notre odyssée : port après port, escale après escale, une constellation de points noirs dessinait notre sillage autour du monde.
Je n’y avait jamais vraiment prêté attention. Lui, ancien amiral de la Navy italienne, en revanche, ne pouvait pas passer à côté.
À cet instant précis, je me sentis minuscule… et infiniment grande. Une simple passagère sur cette mer immense, et pourtant actrice d’une aventure extraordinaire. Cap sur Dakar, les yeux déjà pleins d’horizons, je le regardai.
Un sourire passa entre nous, silencieux comme un serment. Celui de ne jamais oublier cette traversée, où l’amitié et la mer dessinaient ensemble le plus beau des itinéraires.
Plus tard, je me rendis à la conférence de Massimo. Il y présentait le Sénégal – un pays que j’avais déjà visité, mais que je rêvais de redécouvrir, cette fois avec Steeve.
Je restai ensuite à l’amphithéâtre, invitée la veille par le commandant. Le carton ne disait rien… ce serait une surprise.
L’échange fut riche, presque inspirant. Assez pour qu’une idée, doucement, s’infiltre en moi : et si je m’inscrivais à la croisière tour du monde 2026 ?
Mais l’heure tournait, et une parenthèse italienne m’attendait. Steeve avait tout organisé : le restaurant l’Edera, ses amis, une bouteille de Moët & Chandon – pas un hasard, mais un clin d’œil délicat à mes parents, qui y avaient travaillé.
Je lui lançai un regard discret, ému. La table entière se leva pour trinquer.
 Et pour ajouter une touche d’humour, j’ôtai ma bague de la main gauche, feignant une demande en mariage. Fous rires garantis.
Ce déjeuner fut un moment suspendu. Merci mille fois, Steeve.
🌙 Une soirée magique, des retrouvailles inattendues
Après ma séance de sport, je prévoyais un dîner léger… jusqu’à ce texto :
« Je t’attends pour un happy hour »
« Mais… on en a déjà fait un hier, non ? »
« Si… mais… »
Amusée, je descendis le rejoindre au pont 7.
À peine le verre terminé, un autre message, cette fois de Kevin – ce jeune passager croisé à la bibliothèque :
« Un dîner ensemble, puis le spectacle à l’amphi, ça te dit ? »
Et me voilà repartie. Dîner d’idées, presque d’affaires : échanges, conseils pour le blog, astuces…
Nous n’avions pas vu le temps passer. C’est donc en courant, dessert en main, que nous avons foncé à l’amphithéâtre pour la soirée italienne.
Vers 22h30, l’ambiance monta d’un cran. Le spectacle se poursuivait sur le pont 13, près de la piscine.
 Je compris enfin pourquoi l’agitation régnait en cuisine : un buffet féérique, démesuré, salé et sucré, décoré de banderoles World Cruise 2025. Des animaux de glace, de polystyrène, de lumière.
« C’est en remerciement à tous ceux qui ont travaillé à bord, du moteur aux cuisines », m’expliqua Steeve.
Un geste du commandant et de ses officiers.
Un instant inoubliable.
Je n’ai pas touché à grand-chose… mais j’ai tout savouré des yeux.

26 avril – Dakar, mille visages

Après huit jours de mer, quel bonheur de retrouver la terre ferme !
 Dakar, je la connaissais, mais cette fois, je la redécouvrais aux côtés de Steeve et de nos amis italiens.
À 9h30, nous partions à l’assaut de cette ville vibrante, parfois chaotique. Poussière, klaxons, contrastes. Et puis… des éclats.
D’abord, la statue de la Renaissance africaine : imposante, majestueuse, veillant sur l’océan et son peuple.
Puis, la grande mosquée : brute, imposante, moins opulente qu’Abu Dhabi ou Casablanca, mais d’une beauté sincère.
Une spiritualité sobre, presque plus authentique.
Certains choisirent ensuite de visiter l’île de Gorée.
Moi, je l’avais déjà vue. Steeve aussi. Nous rentrâmes ensemble. Ou presque…
Un match important l’attendait : Crystal Palace – Aston Villa.
Nous avons regardé le match ensemble, trinquant au Prosecco… malgré la fatigue.
Trois buts plus tard, le champagne faisait encore effet.
Une soirée tranquille. Une victoire de l’amitié.

27– 28 avril – En mer

Vent, rires… et un soupçon de nostalgie
Pour atteindre un port, il faut naviguer… parfois avec le vent. Et ce matin-là, il soufflait fort, vraiment fort.
Peu de monde à l’extérieur. Mais au moment du café, l’ambiance était légère, presque complice. Il était temps des anecdotes… et Dieu sait qu’il y en avait, chaque jour, toutes plus savoureuses les unes que les autres.
Le sujet du matin ?
Les sculptures géantes en polystyrène, vous vous souvenez ? Celles qui ornaient le buffet féérique de la soirée de remerciement des officiers au personnel.
Eh bien… certains passagers, pris d’un élan de malice (ou de nostalgie), avaient tenté de les emporter discrètement comme souvenirs.
Pingouins, poissons, lions… tous subtilisés. Heureusement, aucun ne s’était risqué à emporter les statues de glace – la scène dans les cabines aurait été… mémorable !
Moi ? Ce genre de « rapatriement » n’était clairement pas pour moi. Déjà que je me demandais comment j’allais caser mes propres souvenirs dans ma valise… alors un pingouin grandeur nature !
Cela m’a rappelé que je n’avais toujours pas acheté mes cadeaux. Pourquoi ne pas passer au Magasin MSC en fin de journée ?
 Et pourquoi pas… une casquette de capitaine ? Un clin d’œil parfait à cette odyssée.

Football, art silencieux et robe dorée
Vers 19h00, j’étais attendue par mon footballeur italien préféré, Steeve, pour un match que nous attendions depuis longtemps : Nottingham Forest – Manchester City, heureusement diffusé sur BBC.
Ce match n’était qu’un exemple parmi d’autres. Je pensais à toutes les rencontres de Champions League que nous avions manquées, faute de retransmission officielle. Sur un navire classé 4 étoiles, pourquoi aucun de ces événements sportifs n’était-il projeté sur grand écran ?
Dommage… Cela aurait pu être l’occasion d’organiser une soirée inoubliable, festive, fédératrice. D’ailleurs, plusieurs passagers m’avaient demandé si j’en parlerais dans mon blog. Le message est passé.
Après l’effervescence du football, place au calme.
Le Daily Program m’annonçait un spectacle prometteur : World of Hands par Antonio Versini. Une performance silencieuse, artistique, émotive.
Et ce fut exactement ce dont j’avais besoin. Une puissance de langage corporel, une transmission d’émotions si intense, que vers 22h00, je m’endormais… paisible.

29 avril – Fuerteventura, introspection et dîner à deux

Ce mardi, le Magnifica accostait à Puerto del Rosario, sur l’île de Fuerteventura, dans l’archipel des Canaries. Un nom puissant, presque sauvage.
A première vue, le ciel était gris, le vent vif. Rien n’avait vraiment changé depuis ma dernière visite, il y a vingt ans.
Aucun souvenir marquant. Rien qui m’appelait à redescendre.
Alors, pour la deuxième fois de cette croisière, je restai à bord. Et ce fut un vrai luxe.
Le bateau, presque désert, était devenu un refuge silencieux, propice à l’introspection.
J’arpentais les ponts, iPhone à la main, capturant des instants figés de ce navire qui avait abrité ma vie pendant quatre mois.
Des fragments de souvenirs, pour moi, pour mon blog, pour ne rien oublier.
Pendant ce temps, fidèle à lui-même, Steeve avait loué un vélo pour explorer l’île. Et comme à chaque escale, il m’avait envoyé des clichés : routes désertes, paysages lunaires, dunes balayées par le vent.
Fuerteventura m’apparut alors comme une terre brute, volcanique, puissante. Mais j’étais bien à bord.
Parfois, voire de loin suffit à imaginer un endroit.
Le soir venu, Steeve m’invita enfin à cette fameuse table italienne dont il m’avait tant parlé.
Je m’attendais à des rires, du bruit, une joyeuse pagaille… mais en arrivant, surprise : nous étions seuls.
Un dîner tout en subtilité, avec un espadon parfaitement grillé, et une conversation douce, fluide, intime. Un moment suspendu, hors du tumulte du bateau.
Et pour clore cette parenthèse, direction le Sporty’s Bar pour regarder ensemble le match Arsenal – PSG.
Un dîner, un match, des sourires. Cette soirée fut un cadeau inattendu, simple et précieux.

Découvrez la FIN de cet ouvrage la semaine prochaine …