3 mars 2025 – Auckland, Nouvelle-Zélande
À 9h15, je posais le pied sur le quai du port d’Auckland. Pas de chaloupe cette fois, mais un processus d’entrée strict : passeport, fiche de séjour, interdiction formelle de transporter toute nourriture.
Sous un ciel gris et lourd, je partais à la découverte de cette ville entre deux océans, connue pour sa culture maritime, son héritage volcanique et sa modernité vibrante.
Notre première halte : la célèbre Sky Tower, qui culmine à 328 mètres. Impressionnante… mais suffisante pour donner une âme à la ville ? Je ne savais pas.
Un jeune Marseillais de notre groupe s’élança dans un saut à l’élastique depuis la tour. Moi ? Je passai mon tour.
Ensuite, direction le front de mer : port de Waitemata, yachts, voiliers, souvenirs d’America’s Cup – Auckland méritait bien son surnom de « City of Sails ».
Puis, après une traversée du Harbour Bridge, nous regagnâmes l’intérieur des terres pour visiter le musée d’Auckland, vaste bâtiment néo-classique perché dans les jardins du domaine.
Mais l’esprit ailleurs, j’avais du mal à me concentrer.
Ce qui me fascinait davantage, c’était l’Eden Park, temple des All Blacks, théâtre de mes rêves rugbystiques.
Dan Carter, Byron Kelleher… Je les avais rencontrés à plusieurs reprises en France. Je ressentais à nouveau cette émotion en explorant le Rugby Expérience, exposition interactive sur l’équipe mythique. J’étais dans mon élément.
De retour à bord, je découvris avec bonheur qu’une « Soirée Haka » était programmée, avec la troupe Horo Ki Tai – Run to the Sea.
Inutile de dire : je ne l’ai pas manquée.



4 mars 2025 – Tauranga, Nouvelle-Zélande
À 8h00, le port de Tauranga nous accueillait.
Gigantesque, effervescent, un véritable poumon logistique du pays, avec ses conteneurs, grues, cargos et zones de soutage.
Dans le bus : une joyeuse mixité – Belges, Allemands, Américains, quelques Français… et déjà des signes d’agacement chez certains passagers.
Peut-être le poids des deux mois de croisière, ou simplement l’humain dans toute sa complexité ?
Premier arrêt : The Elms Mission Station, bâtisse d’époque fondée par les missionnaires anglais, construite sur un ancien village maori.
Un saut dans le temps, émouvant.
Puis, visite d’un verger de kiwis.
Saviez-vous que ce fruit vient de Chine ? Et que la Nouvelle-Zélande, aujourd’hui leader mondial, l’a adopté au début du XXe siècle ?
On nous fit découvrir deux variétés : le vert (Hayward) et le jaune, plus sucré, mon préféré.
Je tentai une photo sous les treilles, mais avec mes 1m76, pas facile !
Avant de partir, dégustation de jus de kiwi frais, confitures artisanales, et quelques emplettes gourmandes.



Le soir venu, je rejoignis Lyrie au restaurant japonais « Festival Oriental » pour un dîner d’anniversaire.
Harold, ce jeune Canadien, un peu fou, y fêtait les 31 ans de sa femme Stéphanie.
Champagne Veuve Clicquot, petits plats raffinés, ambiance chaleureuse, bébé dans les bras de la reine de la fête…
Une salle décorée avec goût, des tables blanches, un énorme gâteau aux mots doux…
L’émotion m’envahit. Cela me rappelle……
La fête se prolongea tard dans la nuit. La présence d’un photographe pour capturer ces instants de joie pure. Un souvenir inestimable.



5 mars 2025 – En mer – Rumeurs et Puccini
Sourire en coin, posture droite, allure assumée… oui, je sais qu’on me regarde.
Mais ce jour-là, ce regard extérieur me pesa.
Au petit déjeuner, un texto d’Brahim me fit réfléchir :
« Hier soir, un couple de Français m’a demandé si nous sortions ensemble… »
Je souris, mais en moi, une petite lassitude s’installait.
Plus tard, Lyrie, toujours pleine de sagesse, me consola :
« Annick, ce sont des gens qui s’ennuient… ils s’inventent des scénarios pour se sentir vivants. »
Elle avait raison, mais je choisis tout de même de prendre mes distances, pour me préserver.
Alors je plongeai dans mes passions : Salle de sport, lecture et… Massimo, encore lui, pour une conférence sur Giacomo Puccini, ce génie lyrique italien.
Le soir, c’était l’apothéose : « Madame Butterfly » était jouée à bord. J’étais éblouie.
06 mars 2025 – Bay of Islands, Nouvelle-Zélande
Le soleil brillait, la mer étincelait et, moi, je retrouvais enfin l’équilibre après quelques jours émotionnellement intenses. Vers 13h30, je débarquais en chaloupe pour rejoindre Waitangi, site emblématique de l’histoire néo-zélandaise.
Nous débutons notre visite par un musée maori, où les objets exposés, à la fois simples et puissants, témoignaient d’un héritage millénaire. Le guide nous mène ensuite le long d’un sentier bordé d’arbres géants, tous porteurs de légendes ancestrales.
Arrivée aux Waitangi Treaty Grounds, je découvre le célèbre Flagstaff où flottent les drapeaux britanniques, maori et néo-zélandais. Puis nous entrons dans la maison en bois où fut signé, en 1840, le traité de Waitangi. Un moment solennel, teinté d’émotion.
Mais c’est dans le wharenui (maison des ancêtres), que tout devient presque mystique : Le karanga – chant d’appel féminin – résonne, nous retirons nos chaussures et puis, dans le silence, le hongi : front contre front, nez contre nez, un souffle partagé.
Un moment sacré qui m’a profondément bouleversée. Je quittais l’île « toute chose », imprégnée d’une énergie que seuls certains lieux savent transmettre.



Soirée du 6 mars – 2 mois à bord !
De retour au bateau, je m’habille en rouge et blanc, selon le code du jour. Avec Lyrie, fidèle complice, nous célébrons nos 2 mois à bord du Magnifica.
Coupe de champagne en main, nous trinquons joyeusement, rejoints par les serveurs qui défilent entre les tables, serviettes brandies, chants en chœur.
Un moment de pure gaieté collective.
Plus tard, nous assistons à une puissante démonstration du Haka par le groupe Horo Ki Tai. Une fierté culturelle palpable, un hommage aux racines profondes de ce peuple.
07 mars 2025 – En mer
Le ciel est gris, la mer un peu capricieuse… Journée parfaite pour faire le point.
Deux mois de croisière, déjà.
À 16h00, direction la salle de sport, puis je me laisse porter jusqu’au dîner.
La soirée se clôture par le spectacle “Good and Evil”, un conte visuel sublime, empreint de mystère… mais après tout, ne vivais-je pas déjà mon propre conte de fées depuis le 6 janvier ?
08 mars 2025 – Christchurch : Voyage au centre de la Terre du Milieu
Petit-déjeuner solide en prévision : œufs, bacon, saucisses.
À 9h30, je rejoins mon excursion tant attendue : visite du lieu de tournage du Seigneur des Anneaux.
Nous traversons les plaines majestueuses de l’île du Sud, direction Mont Sunday, alias Edoras, capitale du Rohan dans le film de Peter Jackson.
En arrivant, le silence, la pureté du lieu, l’isolement absolu… Tout résonne comme une évidence. Il fallait grimper jusqu’en haut ? Je fus la première volontaire.
Arrivée au sommet, je me laissai envahir par l’imaginaire. Théoden, Aragorn, le vent…
Je vivais Edoras, et non simplement je le visitais.
Ce moment restera pour moi hors du temps, puissant, presque cinématographique.
Edoras
Comment immortaliser une journée déjà gravée dans mon cœur ?
Les photos ? Certes. Mais il manquait le frisson, le symbole, le geste qui donne sens. Le guide l’avait compris. Il descendit du bus, l’épée du Rohan et son drapeau flottant au vent à la main. Ce fut l’euphorie. Chacun se précipita. Tenir cette épée, face à ces paysages grandioses, m’a transportée dans un autre monde.
Je pensais à Éowyn, défiant le Roi-Sorcier ; à Aragorn, à Gandalf et ses cavaliers… Le décor avait disparu, mais l’âme du Rohan flottait encore dans l’air.
C’était le silence des anneaux, une magie suspendue dans le vent. Un moment hors du temps, que chacun vécut en silence au retour. Nous étions redevenus des enfants, et cela faisait un bien fou.



Ce soir-là, j’étais trop bouleversée pour festoyer. Je choisis de dîner seule dans ma cabine. MSC m’avait laissé une délicate attention : trois truffes au chocolat pour célébrer la Journée de la Femme. Je me suis laissé porter, non par une robe de gala, mais par le rêve. Et c’était bien suffisant.
9 mars -Dunedin
Pas de sortie ce jour-là. Pas envie. Un anniversaire du passé me taraudait… celui d’un ancien amour. Devais-je lui écrire ? Le silence fut ma réponse.
Je me réfugiai dans la salle de sport, toujours fidèle. Et c’est là que je fis une rencontre… inattendue.
Un homme, ressemblant étrangement à l’acteur américain Steve McQueen, allure italienne, sourire moqueur, me lança, en anglais :
»Tired or just old » « Fatiguée ou c’est juste… l’âge ? »
C’est ainsi que débuta une rencontre à laquelle je ne m’attendais pas
Encore sous l’emprise de cet italien charmeur aux yeux bleus, je n’avais pas vu les nombreux textos de mon amie, Lyrie :
»Restaurant à 18h, puis spectacle à 19h15. Et si on le revoyait à 21h15 ? »
Je ne comprenais pas cette excitation soudaine pour cette prestation à l’amphithéâtre mais j’acquiesçais.
En fait, Il s’agissait de The Tap Pack, quatre Australiens revisitant l’esprit de Sinatra et Dean Martin. Pour la première fois sur ce bateau, ce n’est pas au dernier rang que je prenais place mais au deuxième rang, et à deux reprises.
Ils étaient incroyables… et très beaux, bref irrésistibles …
10-13 mars – en mer
Milford Sound, le moment tant attendu : fjord mythique de Nouvelle-Zélande.
À 10h00, les passagers se pressaient sur le pont 13.
Grâce à Brahim, j’eus la chance de monter sur le pont 16 – pont VIP, juste au-dessus du poste de commandement pour assister à la performance de notre commandant de bord.
Outre la beauté du site, il fallait une précision extrême pour manœuvrer ce géant des mers à travers ce couloir naturel long de 15 km, flanqué de falaises de 1 200 mètres…
C’était vertigineux.
Un moment de pure admiration, pour l’homme, pour le site exceptionnel, pour l’instant.
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Le bilan des deux premiers mois
Deux mois. Déjà. La moitié du voyage. Je décide de faire le point.
Ce que j’aime dans ce type de voyage, c’est la liberté absolue.
Pas de compromis. Pas de comptes à rendre.
Je suis seule capitaine de mon navire intérieur.
✅ Les moments forts ?
Les rencontres humaines : Lyrie et Brahim, si différents mais si précieux.
Les villes coup de cœur : Tahiti, Buenos Aires.
Les lieux magiques : Île de Pâques, Edoras, Milford Sound, la cérémonie maorie à Waitangi.
« Si tu n’étais pas venue dîner à ma table, je ne t’aurais jamais parlé. Je pensais que tu étais inatteignable… » m’avait dit Lyrie.
Et on avait ri, comme deux amies de toujours.
⚠️ Les défis ?
Voyager seule, au milieu d’inconnus.
Supporter les moments creux, le temps gris en Nouvelle-Zélande, les soirées parfois répétitives, les rumeurs absurdes.
Mais tout cela, je l’assume. Car cette croisière m’a aussi appris sur moi-même.
J’étais venue pour prendre des décisions importantes. Je les ai prises.
Et je ne suis pas la seule : tant de passagers, venus pour se retrouver, se reconstruire, se réinventer.
Découvrez la suite de cet ouvrage la semaine prochaine …